Ceux qui connaissent le roman de Cervantès vont être surpris : le ballet Don Quichotte n’a pas grand-chose à voir avec l’œuvre littéraire. Oui, on y retrouve bien Don Quichotte et son fidèle Sancho Pança, mais ici, ce ne sont que des personnages secondaires. Et l’histoire ? Elle tourne surtout autour de l’amour, la ruse, les déguisements… et un soupçon de folie romantique.
Au cœur du récit, Kitri, fille de l’aubergiste, est amoureuse de Basilio, un jeune barbier charmant mais désargenté.
Problème : son père veut la marier à Gamache, un prétendant ridicule, mais riche. Kitri, têtue et passionnée, décide de s’enfuir avec Basilio. S’ensuivent poursuites, stratagèmes, et moments rocambolesques.
Don Quichotte, en vieux chevalier rêveur, confond Kitri avec Dulcinée, son idéal féminin. Après une rencontre musclée avec un moulin à vent, il s’évanouit et tombe dans un rêve féérique, entouré de créatures mythologiques : c’est le célèbre acte des Dryades, tout en grâce et poésie.
De retour dans le réel, l’action reprend dans une auberge. Kitri et Basilio, toujours traqués, sont finalement rattrapés par le père de la jeune fille. Alors, Basilio sort le grand jeu : il simule un suicide théâtral, forçant Lorenzo à accepter un mariage… posthume. Surprise ! Basilio « ressuscite » et le mariage peut avoir lieu. ????
Le dernier acte célèbre cette union avec un grand pas de deux virtuose, point d’orgue du ballet, avant une fin joyeuse et collective.
Création : 14 décembre 1869, Théâtre Bolchoï, Moscou
Musique : Ludwig Minkus
Chorégraphie originale : Marius Petipa
Versions célèbres :
Rudolf Noureev (1981), toujours au répertoire de l’Opéra de Paris
Mikhaïl Barychnikov (1980), dynamique et très accessible
✨ C’est un ballet enjoué, énergique, spectaculaire. Mais attention : le début peut surprendre ! Le prologue, entièrement en pantomime, prend son temps. Ici, pas (encore) de grandes envolées, mais des gestes théâtraux qui racontent l’histoire. Patience ! La danse arrive vite, et elle vaut largement l’attente.
La pantomime est d’ailleurs un élément central du ballet, qui fait le lien entre le jeu scénique et la technique classique. Une belle façon de se familiariser avec un art souvent mal compris, mais totalement captivant.
La variation de Kitri à la fin du 1er acte : exigeante et espiègle, un classique absolu.
Les danses gitanes de l’acte 2 : plus terriennes, pleines d’intensité dramatique.
Le rêve de Don Quichotte : trois variations magiques et oniriques dans un décor féérique.
Le grand pas de deux final : un sommet de virtuosité, un concentré de fougue et d’élégance.