Vous êtes des milliers de danseurs amateurs à chercher comment améliorer votre écart à la seconde (aussi appelé écart facial). Sur les forums, une astuce revient systématiquement :
« Mets-toi à plat dos, fesses contre un mur, jambes en l’air à 90°, et laisse-les tomber sur les côtés grâce à la gravité. »
On conseille même de tenir la position pendant 20 ou 30 minutes, un bouquin ou une série à portée de main...
Mais est-ce vraiment efficace ? Et surtout : est-ce sans danger ?
Le principe semble simple : la pesanteur étire l'intérieur des cuisses et les jambes s’ouvrent peu à peu. À la fin de la séance, on a gagné quelques centimètres… en apparence. Mais attention : ce type d'étirement passif comporte plusieurs pièges.
La plupart du temps, vous réalisez cet exercice à froid, après une journée de cours ou de travail. Les jambes sont raides, et la gravité semble faire des miracles.
Sauf qu’en réalité, vous ne gagnez pas en souplesse. Vous ne faites que “réveiller” votre amplitude naturelle. Dès que vos muscles se seront refroidis, vous reviendrez à la case départ.
Forcer un muscle à froid est une agression pour le corps. En réponse, le cerveau active un réflexe de protection : il resserre les fibres musculaires pour éviter une déchirure.
Résultat : non seulement vous ne vous étirez pas, mais vous tendez encore plus vos muscles. Et si vous forcez quand même, vous risquez la blessure.
Pire encore : des études ont montré que ce type d’étirement passif avant un cours peut réduire la souplesse réelle pendant près de 30 minutes. Autrement dit : si vous faites ça avant votre barre, vous commencez votre cours en étant moins performant que d’habitude...
La souplesse passive ne muscle pas. Elle “relâche”, mais elle n’apprend pas à tenir une position. C’est pour cela que beaucoup de danseurs parviennent à faire un écart au sol, mais pas à lever la jambe dans un grand jeté.
La vraie progression passe par la souplesse active, c’est-à-dire celle qui combine étirement ET engagement musculaire. Seul ce travail vous permet de maîtriser les écarts en mouvement.
Oui, cet exercice peut avoir sa place, à condition d’être fait à la fin d’un cours, lorsque votre corps est chaud, que les muscles sont souples, et que l’étirement se fait dans la détente, sans crispation.
Mais seul, à froid, chez vous ? Non. Stop. On oublie.
Ce que votre corps demande, c’est du respect, de l’écoute, de l’intelligence. Et des exercices ciblés qui allient mobilité, renforcement et conscience du mouvement.